1. |
Sous La Ville
05:13
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Il y a bien
Cette perte définitive
En marchant
Dans la ville
Verrouillée
Le sentiment
Défait mais
Vivant
D’échapper
A la démesure
Du drame
De choisir
Où tomber
De porter ailleurs
Ce regard intérieur
Et de revenir
Aux frontières
Invisibles
Qui nous perdent
On ne sait
Quoi parcourir
En dehors
De ces lignes
Comme une vie
A ce manque
Autant d’absences
Toujours ajustées
Toujours sous tension
Dissimulée quelque part
Un genre de grâce
Arrachée à
Je-ne-sais-quoi
Que rien ne déserte
Comme la présence
De ce qui nous a
Échappé
Sans presque regarder
Sans presque penser
Après avoir bien trop
Mordu la poussière
Autant de mystères
Que l’on échange
Contre des vers
Histoire de retarder
La dernière prise
Le dernier mot
Pour que tout
Ne soit pas détruit
Et secrètement
Sans fin
Comme un brusque
Désordre
Qui dans le silence
D’un monde écartelé
S’éternise
Et s’épuise
Dans l’inquiétude
Et cet amas
De choses
Indistinctes
Dans cet éloignement
Ni le bruit ni la vie
Ne s’écoutent
Comme des feuilles
Eparses
Que l’on peine
A réunir
Beaucoup de craquements
La mesure des renoncements
Trop anciens pour encore
Signifier quelque chose
Beaucoup de bruits
Pour rien parfois
Trop lointains
Pour faire mal encore
La mesure de ces répétitions
Pas vraiment convenables
Un regard vidé
De son désespoir
Que l’on quitte
A regret
Stigmates et blessures
Comme une cendre légère
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2. |
EIDOS 1
04:24
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Le repérage des figures de ces personnes âgées ou non. C’est la première des choses que j’ai faite ici. Comme la décision d’interroger la descendance. N’importe laquelle. A travers les âges je pouvais honorer quelque chose qui ressemblait encore à la vie. Même là. Surtout là devrais-je dire. L’ambivalence, comme la tristesse très digne de ces croix alignées, me retenaient. Une heure au début. Puis plus longtemps. Il fallait désigner une personne. La repérer. Lui assigner cette mission d’être.
D’être celle qui comblerait. Celle qui occulterait les vicissitudes du temps. La récompense que peut être la vie. Cette vie habitée, continuée. Je marchais donc à sa recherche. D’une division à l’autre. Méthodiquement. Comme allant d’un point de départ à un point d’arrivée. Je m’arrêtais devant un visage, jaillissant hors du temps. Considérant d’abord son voyage accompli. Autrement dit, son point de départ et son point d’achèvement. Avant de considérer ce qu’il représentait. Ce qu’il signifiait. Mettant en péril le pouvoir de cette fin gravée dans la pierre.
Je regardais ensuite autour de moi. Cerné par le corps de la métropole. Une autoroute saturée, un stade ultra-moderne dont les projecteurs déversaient une lumière aveuglante, presque surréelle, des immeubles flambant neufs qui semblaient se pencher au-dessus des tombes, comme des géants technologiques. Tout rappelait la nature indistincte du lieu. Des corps reposaient ici. Précisément en plein milieu d’un mouvement perpétuel. Ces corps étaient l’essence immobile de quelque chose qui n’était pas la mort.
Je poursuivais ma quête. Je voyais bien mieux auprès de ces tombes ce qu’il était impossible d’apercevoir ailleurs. Au milieu des vivants. De ceux qui ne voient que la mort. Jamais la transition. Ces tombes, ces visages aux cheveux noirs ou blancs, aux traits encore jeunes ou vieillis, m’indiquaient les transformations silencieuses. Et bien sûr le renouvellement de la vie.
J’avais décidé de choisir une de ces sépultures. Et de faire de cette personne enterrée mon ancêtre. Mon « ciel-nature ». Je deviendrai sa continuation. Celui qui continuait à voir pour lui, après lui. Allant et venant sans jamais m’épuiser. Me répétant, comme un mantra, que cette personne n’était pas morte. Qu’elle s’était seulement modifiée pour qu’elle puisse continuer, à travers moi.
A mon tour, je ne vieillirai pas. Je ne ferai que me modifier.
Il suffisait alors de s’assoir sur une stèle, et d’en retenir le silence.
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3. |
L'attente
05:09
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A répandre ainsi
La lumière pour
Ne pas penser
Au silence
Un peu glacial
Du corps
Dans la fumée
Du matin
Préférer
L’isolement
Cette vibration
D’un noir parfait
Se dissout dans
Le mouvement subi
L’angoisse comme
La dépouille affranchie
Le parfum initial
De l’existence
On attend
Les pensées
Dérobées
Par l’engrenage
Ce corps gravé
Et son refus
De partir
Les mots s’épuisent
Le corps foudroyé
Ce qui reste torride
Expire sa pudeur
Comme une peau
Brûlante
Puis expire tout court
Des étoiles aux entrailles
Sans vraie blessure
Juste le choc
Du choc étendu
De la ferraille
Entendue
Les mots m’épuisent
Mais s’élancent
Encore dans
L’attente
Comme un cerveau brûle
Entre deux villes
Vers l’ouest
Et la chair encore
A vif d’un soleil
Survivant
Son désir caché
Qui s’éteint
Lentement
En lueurs
Terminales
Avant de transpercer
La froide amertume
D’un brouillard
Matinal
Et de semer
Des crépuscules
Bien trop prévisibles
Pour être compris
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4. |
Vol Noir
04:36
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Irradiant le manque
De mémoire
Ces pleurs
Qui hésitent
Écorchent
Le noir mélange
Qui demeure
De la nuit
Sa voix étrange
Qui s’éparpille
Dans le futur
Il est question
De vaincre
Le corps
D’un sommeil
Inconnu
D’une douleur
Habitée
La mémoire
Comme une plaie
Un simulacre
Un mal sacré
Comme le désir
Se déploie
Le ciel n’est pas mort
Seulement livide
D’une saison
En noire traînée
Il en reste
Un grand fond
Silencieux
Comme un regard clos
Sur le vide obsédant
De ce désert urbain
Elle n’est pas morte
Seulement l’écume
D’une saison perdue
Une autre menace
Un autre mot
Une autre phrase agonisante
Sortie d’un paysage
Qui se croyait éternel
Tristement s’éteint
Ce rêve qui se donne
Et donne au cœur
Une mauvaise impulsion
A l’abandon
Se confier
Et surseoir
Au passé
Des images
Dispersées
Que l’on
Rassemble
Ce tombeau
Absent
N’est
Même pas
L’ombre
D’un lambeau
Comme une âme
Ramassée
En quelques mots
Etendu auprès de toi
Somnolente parole
Jusqu’au silence
Le vide vertige
A peine réveillé
Que j’effleure
Au fil de
Ma respiration
Le jour étranglé
S’impose
Jusqu’à l’épuisement
Couleur mourante
De l’impatience
Tout porte à croire
que ces profonds
décors où sont les
plus précieux de
mes serments sont
comme un doux ciel
nacré. Celui que l’on
attend, à l’horizon
plus clair, sa soudaine
lumière qui nous
arrose. Ce convoi
furieux, puissant,
qui s’effondre parfois
dans la douceur. Jetant
tout au bout soleil
empourpré, d’avant
la tempête. D’une
terre ployant sous le
poids de l’attente,
je penserai souvent
à cette blancheur de
nacre...Ma vie, toutes
les rues, toutes les
villes sont là.
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5. |
EIDOS 2
03:51
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Le silence de celui que la vie a relâché. Après que la vieillesse l’a détendu.
Je connaissais cette vision chinoise de la vieillesse. Ici je pouvais l’éprouver.
Je voulais me choisir un ancêtre. Faire de l’une de ces tombes ma grande respiration du monde.
Comment j’en étais arrivé là…
Sûrement parce que je n’avais pas cet accès naturel à ce qui m’avait précédé. Je commençais juste à entendre au-delà de mon existence. Et cela m’épuisait. Je cherchais le moyen, en plus de l’entendre, de vivre avec. De ne pas en souffrir.
J’en avais souffert d’un coup. Comme l’apparition brutale d’un symptôme. Une douleur qui s’était installée soudainement, avant de se répandre dans chaque interstice de mon quotidien.
Je ne fonctionnais plus.
J’avais commencé à me rendre dans ce cimetière presque par hasard. Il s’était révélé comme un excellent raccourci. Une découverte imprévue, alors qu’un jour de grève des transports je devais marcher.
Je m’étais retrouvé dans ce lieu, un peu effrayé et fatigué d’une longue et pénible marche. Puis, étonnamment apaisé au fur et à mesure que je le traversais. Il représentait bien sûr l’opportunité de réduire mon trajet. Mais ce n’est pas seulement pour cette raison qu’il avait fini par me détendre. Insidieusement, je sentais qu’il répondait à ce que j’avais soudainement ressenti intérieurement et qui me torturait tant.
L’accumulation de ces destins, achevés ici, me fascina. J’avais commencé par y écrire des choses sur un carnet. Des textes, des choses dans ce genre :
Regarde ce qui nous Tombe dessus…De quoi Déterrer ces putains de Cadavres - la mauvaise Attitude que voilà…On S'en remettra dans une Prochaine existence - Au bord dévastateur… Des rencontres fortuites Qui en disent long sur La fatigue - le désordre - L'essentiel - regarde bien Surtout : c'est de l'or en Barre - avec ça je cours Après les corps - réduits A leur plus simple…Ce Coeur qui bat encore Traversant les murs et les Pensées - c'est une épave Assise au milieu de l’ Effervescence - c'est un Homme de la poussière Qui vit toujours - c'est des Peurs qui nous fusillent Entre deux bus - je pense A cet or je pense à la Solitude - qu'il faut se Frayer un chemin au milieu Des sépultures…
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6. |
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Extrait du roman "Des Effondrements Souterrains", de Yan Kouton, publié aux Editions Zinedi - https://www.zinedi.com/pages/catalogue-zinedi/des-effondrements-souterrains.html
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7. |
At Random
04:02
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Un autre jour au
Paradis...Paraphrase
Sur DVD...Comme
Un fil correspondant
Plan par plan...Et
"Rayé de la liste"... A
Ce qui aurait pu...Mais
Qui n'est qu'une force
Condamnée au désordre -
Ce qui ne manque
Pas de surprendre -
Putain...Se vautrer
Sur une porte encore
Triste et désolé...Elle
Pourtant elle se marre -
Sur le point de s'estomper
Malgré...Avec l'ombre
Qui couvre cette partie
De la ville - pendue
A des câbles - tableau
Vivant l'heure venue...
L'effondrement de
L'opacité
Va savoir quelle
Parure...A l'angle
De quel silence...
Je prends l'avenue et
J'arrive au bout d'
Une impasse...Va
Savoir pourquoi
J’entends ce
Qui s'échappe d'une
Fenêtre...Comme
Une pluie d'argent -
Déversant à la
Ronde - fuyant
Quelque part ailleurs...
Sans l'importance d'un
Bon direct dans la face -
Et quoi...Les trottoirs
Demain seront de
Marbre...
Je la porte
Elle est moi
Comme une
Composition...
Au bord d'un plateau
Ses ateliers...Encore
Synthèses du passé -
Ce qui m'empêche
Tôt le matin de mar-
Cher...Confession
De mobile à truc
Décomposé...Certaines
Latitudes sont des poisons -
Comme un
Exposé macabre
Toujours plus vrai et plus
Proche...De la destruction -
De sentiments modifiés en
Profondeur...Dynamités...
Tellement solides...Qu'ils
Se cachent au milieu des
Morts...Tombeaux chimé-
Riques pour une fortune
C'est ce qu'on balance en
Général - faute d'argument
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8. |
Hyperbole
04:08
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Extrait du roman "Hyperbole" de Yan Kouton, paru aux Editions QazaQ
https://lescosaquesdesfrontieres.com/2019/05/10/hyperbole/
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9. |
Hostia
03:20
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Extrait de "Hostia", roman paru initialement aux Editions La Matière Noire (Janvier 2015) - au format numérique augmenté et livre traditionnel.
https://culturepopculture.com/2015/05/31/chronique-yan-kouton-hostia-roman/
A nouveau disponible aux Editions QazaQ : https://lescosaquesdesfrontieres.com/2017/11/14/jai-fini-a-lendroit-precis-ou-tout-a-commence-yan-kouton-presente-son-livre-hostia/
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10. |
Tracer
04:27
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C’est comme
Quand la pluie
S’enfuie
Laissant
Un ciel monstrueux
Mourir
De sa belle
Mort
On pense
A ce mot :
Incandescence
De l’eau
Temporaire
Sur le corps
Une autre ville
Une douleur
Différente
Que l’on arpentera
Après forcément
En dépit de
Encore heureux
Les autres
Et tant d’autres
Que l’on regarde
Avec la rancune
Des proies
Comme c’est dur
De les aimer
Ceux-là
D’ailleurs
On les ignore
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11. |
Yan Kouton France
Yan Kouton est un auteur de romans, de nouvelles, de poésies, et parolier. Il anime le site de création littéraire "Les
Cosaques des Frontières". Il est également chroniqueur musical.
Olivier Triboulois est un musicien installé près d'Orléans. Chanteur guitariste, clavier du groupe "A l'Abri de la Tempête. Guitariste depuis ses 14 ans, marqué par l'empreinte de Bashung, Dominique A Christophe.
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