TRACER

by Yan Kouton

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1.
Il y a bien Cette perte définitive En marchant Dans la ville Verrouillée Le sentiment Défait mais Vivant D’échapper A la démesure Du drame De choisir Où tomber De porter ailleurs Ce regard intérieur Et de revenir Aux frontières Invisibles Qui nous perdent On ne sait Quoi parcourir En dehors De ces lignes Comme une vie A ce manque Autant d’absences Toujours ajustées Toujours sous tension Dissimulée quelque part Un genre de grâce Arrachée à Je-ne-sais-quoi Que rien ne déserte Comme la présence De ce qui nous a Échappé Sans presque regarder Sans presque penser Après avoir bien trop Mordu la poussière Autant de mystères Que l’on échange Contre des vers Histoire de retarder La dernière prise Le dernier mot Pour que tout Ne soit pas détruit Et secrètement Sans fin Comme un brusque Désordre Qui dans le silence D’un monde écartelé S’éternise Et s’épuise Dans l’inquiétude Et cet amas De choses Indistinctes Dans cet éloignement Ni le bruit ni la vie Ne s’écoutent Comme des feuilles Eparses Que l’on peine A réunir Beaucoup de craquements La mesure des renoncements Trop anciens pour encore Signifier quelque chose Beaucoup de bruits Pour rien parfois Trop lointains Pour faire mal encore La mesure de ces répétitions Pas vraiment convenables Un regard vidé De son désespoir Que l’on quitte A regret Stigmates et blessures Comme une cendre légère
2.
EIDOS 1 04:24
Le repérage des figures de ces personnes âgées ou non. C’est la première des choses que j’ai faite ici. Comme la décision d’interroger la descendance. N’importe laquelle. A travers les âges je pouvais honorer quelque chose qui ressemblait encore à la vie. Même là. Surtout là devrais-je dire. L’ambivalence, comme la tristesse très digne de ces croix alignées, me retenaient. Une heure au début. Puis plus longtemps. Il fallait désigner une personne. La repérer. Lui assigner cette mission d’être. D’être celle qui comblerait. Celle qui occulterait les vicissitudes du temps. La récompense que peut être la vie. Cette vie habitée, continuée. Je marchais donc à sa recherche. D’une division à l’autre. Méthodiquement. Comme allant d’un point de départ à un point d’arrivée. Je m’arrêtais devant un visage, jaillissant hors du temps. Considérant d’abord son voyage accompli. Autrement dit, son point de départ et son point d’achèvement. Avant de considérer ce qu’il représentait. Ce qu’il signifiait. Mettant en péril le pouvoir de cette fin gravée dans la pierre. Je regardais ensuite autour de moi. Cerné par le corps de la métropole. Une autoroute saturée, un stade ultra-moderne dont les projecteurs déversaient une lumière aveuglante, presque surréelle, des immeubles flambant neufs qui semblaient se pencher au-dessus des tombes, comme des géants technologiques. Tout rappelait la nature indistincte du lieu. Des corps reposaient ici. Précisément en plein milieu d’un mouvement perpétuel. Ces corps étaient l’essence immobile de quelque chose qui n’était pas la mort. Je poursuivais ma quête. Je voyais bien mieux auprès de ces tombes ce qu’il était impossible d’apercevoir ailleurs. Au milieu des vivants. De ceux qui ne voient que la mort. Jamais la transition. Ces tombes, ces visages aux cheveux noirs ou blancs, aux traits encore jeunes ou vieillis, m’indiquaient les transformations silencieuses. Et bien sûr le renouvellement de la vie. J’avais décidé de choisir une de ces sépultures. Et de faire de cette personne enterrée mon ancêtre. Mon « ciel-nature ». Je deviendrai sa continuation. Celui qui continuait à voir pour lui, après lui. Allant et venant sans jamais m’épuiser. Me répétant, comme un mantra, que cette personne n’était pas morte. Qu’elle s’était seulement modifiée pour qu’elle puisse continuer, à travers moi. A mon tour, je ne vieillirai pas. Je ne ferai que me modifier. Il suffisait alors de s’assoir sur une stèle, et d’en retenir le silence.
3.
L'attente 05:09
A répandre ainsi La lumière pour Ne pas penser Au silence Un peu glacial Du corps Dans la fumée Du matin Préférer L’isolement Cette vibration D’un noir parfait Se dissout dans Le mouvement subi L’angoisse comme La dépouille affranchie Le parfum initial De l’existence On attend Les pensées Dérobées Par l’engrenage Ce corps gravé Et son refus De partir Les mots s’épuisent Le corps foudroyé Ce qui reste torride Expire sa pudeur Comme une peau Brûlante Puis expire tout court Des étoiles aux entrailles Sans vraie blessure Juste le choc Du choc étendu De la ferraille Entendue Les mots m’épuisent Mais s’élancent Encore dans L’attente Comme un cerveau brûle Entre deux villes Vers l’ouest Et la chair encore A vif d’un soleil Survivant Son désir caché Qui s’éteint Lentement En lueurs Terminales Avant de transpercer La froide amertume D’un brouillard Matinal Et de semer Des crépuscules Bien trop prévisibles Pour être compris
4.
Vol Noir 04:36
Irradiant le manque De mémoire Ces pleurs Qui hésitent Écorchent Le noir mélange Qui demeure De la nuit Sa voix étrange Qui s’éparpille Dans le futur Il est question De vaincre Le corps D’un sommeil Inconnu D’une douleur Habitée La mémoire Comme une plaie Un simulacre Un mal sacré Comme le désir Se déploie Le ciel n’est pas mort Seulement livide D’une saison En noire traînée Il en reste Un grand fond Silencieux Comme un regard clos Sur le vide obsédant De ce désert urbain Elle n’est pas morte Seulement l’écume D’une saison perdue Une autre menace Un autre mot Une autre phrase agonisante Sortie d’un paysage Qui se croyait éternel Tristement s’éteint Ce rêve qui se donne Et donne au cœur Une mauvaise impulsion A l’abandon Se confier Et surseoir Au passé Des images Dispersées Que l’on Rassemble Ce tombeau Absent N’est Même pas L’ombre D’un lambeau Comme une âme Ramassée En quelques mots Etendu auprès de toi Somnolente parole Jusqu’au silence Le vide vertige A peine réveillé Que j’effleure Au fil de Ma respiration Le jour étranglé S’impose Jusqu’à l’épuisement Couleur mourante De l’impatience Tout porte à croire que ces profonds décors où sont les plus précieux de mes serments sont comme un doux ciel nacré. Celui que l’on attend, à l’horizon plus clair, sa soudaine lumière qui nous arrose. Ce convoi furieux, puissant, qui s’effondre parfois dans la douceur. Jetant tout au bout soleil empourpré, d’avant la tempête. D’une terre ployant sous le poids de l’attente, je penserai souvent à cette blancheur de nacre...Ma vie, toutes les rues, toutes les villes sont là.
5.
EIDOS 2 03:51
Le silence de celui que la vie a relâché. Après que la vieillesse l’a détendu. Je connaissais cette vision chinoise de la vieillesse. Ici je pouvais l’éprouver. Je voulais me choisir un ancêtre. Faire de l’une de ces tombes ma grande respiration du monde. Comment j’en étais arrivé là… Sûrement parce que je n’avais pas cet accès naturel à ce qui m’avait précédé. Je commençais juste à entendre au-delà de mon existence. Et cela m’épuisait. Je cherchais le moyen, en plus de l’entendre, de vivre avec. De ne pas en souffrir. J’en avais souffert d’un coup. Comme l’apparition brutale d’un symptôme. Une douleur qui s’était installée soudainement, avant de se répandre dans chaque interstice de mon quotidien. Je ne fonctionnais plus. J’avais commencé à me rendre dans ce cimetière presque par hasard. Il s’était révélé comme un excellent raccourci. Une découverte imprévue, alors qu’un jour de grève des transports je devais marcher. Je m’étais retrouvé dans ce lieu, un peu effrayé et fatigué d’une longue et pénible marche. Puis, étonnamment apaisé au fur et à mesure que je le traversais. Il représentait bien sûr l’opportunité de réduire mon trajet. Mais ce n’est pas seulement pour cette raison qu’il avait fini par me détendre. Insidieusement, je sentais qu’il répondait à ce que j’avais soudainement ressenti intérieurement et qui me torturait tant. L’accumulation de ces destins, achevés ici, me fascina. J’avais commencé par y écrire des choses sur un carnet. Des textes, des choses dans ce genre : Regarde ce qui nous Tombe dessus…De quoi Déterrer ces putains de Cadavres - la mauvaise Attitude que voilà…On S'en remettra dans une Prochaine existence - Au bord dévastateur… Des rencontres fortuites Qui en disent long sur La fatigue - le désordre - L'essentiel - regarde bien Surtout : c'est de l'or en Barre - avec ça je cours Après les corps - réduits A leur plus simple…Ce Coeur qui bat encore Traversant les murs et les Pensées - c'est une épave Assise au milieu de l’ Effervescence - c'est un Homme de la poussière Qui vit toujours - c'est des Peurs qui nous fusillent Entre deux bus - je pense A cet or je pense à la Solitude - qu'il faut se Frayer un chemin au milieu Des sépultures…
6.
Extrait du roman "Des Effondrements Souterrains", de Yan Kouton, publié aux Editions Zinedi - https://www.zinedi.com/pages/catalogue-zinedi/des-effondrements-souterrains.html
7.
At Random 04:02
Un autre jour au Paradis...Paraphrase Sur DVD...Comme Un fil correspondant Plan par plan...Et "Rayé de la liste"... A Ce qui aurait pu...Mais Qui n'est qu'une force Condamnée au désordre - Ce qui ne manque Pas de surprendre - Putain...Se vautrer Sur une porte encore Triste et désolé...Elle Pourtant elle se marre - Sur le point de s'estomper Malgré...Avec l'ombre Qui couvre cette partie De la ville - pendue A des câbles - tableau Vivant l'heure venue... L'effondrement de L'opacité Va savoir quelle Parure...A l'angle De quel silence... Je prends l'avenue et J'arrive au bout d' Une impasse...Va Savoir pourquoi J’entends ce Qui s'échappe d'une Fenêtre...Comme Une pluie d'argent - Déversant à la Ronde - fuyant Quelque part ailleurs... Sans l'importance d'un Bon direct dans la face - Et quoi...Les trottoirs Demain seront de Marbre... Je la porte Elle est moi Comme une Composition... Au bord d'un plateau Ses ateliers...Encore Synthèses du passé - Ce qui m'empêche Tôt le matin de mar- Cher...Confession De mobile à truc Décomposé...Certaines Latitudes sont des poisons - Comme un Exposé macabre Toujours plus vrai et plus Proche...De la destruction - De sentiments modifiés en Profondeur...Dynamités... Tellement solides...Qu'ils Se cachent au milieu des Morts...Tombeaux chimé- Riques pour une fortune C'est ce qu'on balance en Général - faute d'argument
8.
Hyperbole 04:08
Extrait du roman "Hyperbole" de Yan Kouton, paru aux Editions QazaQ https://lescosaquesdesfrontieres.com/2019/05/10/hyperbole/
9.
Hostia 03:20
Extrait de "Hostia", roman paru initialement aux Editions La Matière Noire (Janvier 2015) - au format numérique augmenté et livre traditionnel. https://culturepopculture.com/2015/05/31/chronique-yan-kouton-hostia-roman/ A nouveau disponible aux Editions QazaQ : https://lescosaquesdesfrontieres.com/2017/11/14/jai-fini-a-lendroit-precis-ou-tout-a-commence-yan-kouton-presente-son-livre-hostia/
10.
Tracer 04:27
C’est comme Quand la pluie S’enfuie Laissant Un ciel monstrueux Mourir De sa belle Mort On pense A ce mot : Incandescence De l’eau Temporaire Sur le corps Une autre ville Une douleur Différente Que l’on arpentera Après forcément En dépit de Encore heureux Les autres Et tant d’autres Que l’on regarde Avec la rancune Des proies Comme c’est dur De les aimer Ceux-là D’ailleurs On les ignore
11.

credits

released May 7, 2021

Musiques/Arrangements : Olivier Triboulois
Textes/Voix : Yan Kouton

Photo : Carol Delage

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Yan Kouton France

Yan Kouton est un auteur de romans, de nouvelles, de poésies, et parolier. Il anime le site de création littéraire "Les Cosaques des Frontières". Il est également chroniqueur musical.

Olivier Triboulois est un musicien installé près d'Orléans. Chanteur guitariste, clavier du groupe "A l'Abri de la Tempête. Guitariste depuis ses 14 ans, marqué par l'empreinte de Bashung, Dominique A Christophe.
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