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Reste la Vie

by Yan Kouton

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1.
Reste la Vie 02:59
Le lancinant Retour sur la Côte – et la Raideur terrifiée Parfois de ces Mouvements – Comme on reprend Des forces mon Ange – comme on Les perd ensuite – Terrible voyage de Retour – le même Qui se lit sur le Visage des mecs Station Place d’It. Encore le mot Lancinant qui s’ Incruste – cette Phrase – un passage Qui te plonge dans Une inquiétude folle – Ne pas t’assoir parmi Eux – jamais – plutôt Crever – plutôt perdre Jusqu’à sa respiration Régulière –
2.
Cette voix se brise Il lui arrive même De disparaître Sans dire un mot Comme une débâcle À l’intérieur Elle naît pourtant À cette évaporation Quelque chose de plus Cet art poétique Le seul qui sache Comment mourir Sans jamais le Dévoiler vraiment Comme un rideau Que l’on tire Et referme aussitôt Après avoir vu Se disséminer Nos forces Peu à peu N’en garder Cependant Que l’illusion Sans faille Du langage
3.
2042 04:19
Il parle d’obligations métaphores. Je n’y comprends rien. Sauf que c’est un produit de sa conception. Une chose de « l’ancien monde ». Des phrases passées par toutes ces filières. Par tous les temps. Et sûrement par toutes les bibliothèques. Il n’en reste rien. Ou si peu. Un art tellement dévalué et désargenté que ça en est comique. Le moindre chroniqueur débile de la TNT ou même d’Internet gagne en une prestation plus que ce que touche un de ces rescapés en un an. Voire en une vie. C’est au-delà du ridicule ou du rire en fait. Ça relève de la psychiatrie. Et lourde qui plus est. Il plonge son regard dans le mien. Pauvre fou. « A l’aide d’une métaphore, sans abandonner sa charge ». Il insiste. Je crois qu’il s’achemine vers un vaste territoire peuplé de débiles mentaux. Il me parle d’un « corps entier dans l’enveloppe de toile ». De « hurlements qui sont pénibles à supporter ». Je pourrais rire à gorge déployée. Mais en fait non. Je pourrais en faire un roman. Ça me stabiliserait. Je pourrais oublier ses remarques. Tous ses mots comme d’amères accusations. Sans autre ambition que de survivre. Je le vois se débattre, dans ses parois de cristal. Il a la grâce. Mais il ne se laisse plus atteindre. Il n’est même plus haï. Il indiffère. C’est pire. Regarde me dit-il, « la circulation se ranime ». Je lui réponds que je la vois aussi. Si cela peut lui faire plaisir. Aucun nuage ne doit venir abîmer son horizon. Et je n’ai pas le courage de lui dire la vérité. Sinon je suis certain qu’il s’enfilerait un flacon rempli de poison. Lui, il parlerait « d’essence de térébenthine. Que s’est-il passé ? Pour qu’une « pensée rêveuse dans les tourbières de l’assouplissement » s’évanouisse à ce point ? Et que doit-on en conclure ? Que la technologie nous renvoie à l’âge de pierre ? Je regarde moi par la fenêtre qui donne sur la cour intérieure. Dans mon dos, Il s’émeut maintenant de « l’éloignement des combats maritimes ». Ça, pour s’éloigner, il s’éloigne. De sa conscience sûrement. Tout-à-fait comme sa raison. Si seulement je connaissais le coupable. Le responsable de son état. Je le vois comme un contaminé. Un type que la chance a abandonné. Il arpente ses pages écrites encore à la main – le fou – avec la détermination des condamnés. C’est assez aristocratique au fond. Plus de ce monde. Il ne fait que le hanter. Il répand toujours ses accusations. Je ne sais plus pourquoi je le vois toujours, et autant. Par habitude sans doute. Un truc bien trop ancré. Mais dont j’ai oublié l’objectif. Je le fais c’est tout. Et je l’écoute me dire « tu es délivré de notre persécution ». Pas vraiment...Mais ce n’est pas très grave. Il ressemble à une vague promesse. A un vague souvenir. Mais plus à l’être flamboyant et malsain qu’il fut. Ce n’est pas le temps qui a été plus fort que lui. C’est plus compliqué. Il aurait pu se maintenir. Ne pas s’effondrer dans cette tristesse inconsolable. Dans cette chose qui a viré à la folie. Son nom a même été redoutable. On peut même dire qu’il fut célèbre. Il a tenu le coup longtemps. Résistant aux « chacals nocturnes », pour reprendre son expression, aux ravages, à la tombée de la nuit. Dans ses bons moments, comprendre dans ses moments lucides, il m’avoue qu’il est parti bien « trop loin du rivage pour y revenir. » Je confirme. En mon for intérieur. Ma visite négative se poursuit. Il perd ses forces à vue d’œil. Trop loin du rivage pour y revenir. C’est exactement ça. On a pourtant tous continué à faire semblant. On savait pertinemment que tout ça devenait peu à peu un « sanctuaire du sommeil »... Voilà que je me mets à faire comme lui. A confondre le texte et la vie. Puis à tous mélanger. Il a peut-être raison finalement.
4.
A L'heure 03:36
Cette heure constituait une charge effective et tant redoutée. Par conséquent il l’a abrégée. Il est allé à la recherche, effectivement. De faits indéniables. De la paix intérieure. Parce que l’impossibilité psychologique c’était son affaire. C’est le hic de sa vie. C’était. Il est resté derrière la porte. Comme un vestige humain. Ou comme un colis perdu. Le cœur vivant mais battant à peine la mesure de sa vie. Pur comme un saint ignorant l’âpreté des routes, le déroulement du réel. Seul Dieu semblait l’environner. Un Dieu de lumière et d’amour. Prostré devant une autre divinité. Entourée, elle, de ses soldats « du combat pour les cieux ». Figée dans sa monstrueuse pensée. Face à elle, tel un pur dans cette odieuse obscurité, il s’est éteint. Laissant peu à peu la folie l’emporter. Et les complaintes devenir des mois, puis de années. La vie lentement s’empoisonner. Place aux chairs fouettées. Aux esprits lacérés. Aux ciels toujours nuits. Sa décision a des lueurs d’étincelles. Il n’en pouvait plus de ces traces de mains sanglantes sur les vitres. De n’être qu’un veilleur de l ombre. Gardien d’une pensée morte, n’observant plus qu’une danse macabre. Il a longtemps pleuré. Puis il a arrêté. Il a simplement voulu mourir. Ne captant plus rien d’autre qu’un écho, de l’autre rive. Comme si la mort lui parlait. Et fouillait dans les profondeurs de sa mémoire. Elle y trouvait les eaux vives. Puis venaient les ombres. Capables d’obscurcir ce qu’il restait de lumière. Il s’est installé au milieu d’ombres. Là, il a commencé à décliner. L’idée d’abandonner sa propre croyance ne l’a pas effleuré. Au contraire, il s’y est agrippé de toutes ses pauvres forces. En se répondant à lui-même. Comme si la mort était devenue une compagne. Quelque chose de normal. La solitude dévastée est devenue son quotidien. Pourtant derrière la porte battait toujours un jour intact.

credits

released March 29, 2023

Textes et Voix : Yan Kouton
Musique et Arrangements Olivier Triboulois
Photo : Carol Delage

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about

Yan Kouton France

Yan Kouton est un auteur de romans, de nouvelles, de poésies, et parolier. Il anime le site de création littéraire "Les Cosaques des Frontières". Il est également chroniqueur musical.

Olivier Triboulois est un musicien installé près d'Orléans. Chanteur guitariste, clavier du groupe "A l'Abri de la Tempête. Guitariste depuis ses 14 ans, marqué par l'empreinte de Bashung, Dominique A Christophe.
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