1. |
Reste la Vie
02:59
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Le lancinant
Retour sur la
Côte – et la
Raideur terrifiée
Parfois de ces
Mouvements –
Comme on reprend
Des forces mon
Ange – comme on
Les perd ensuite –
Terrible voyage de
Retour – le même
Qui se lit sur le
Visage des mecs
Station Place d’It.
Encore le mot
Lancinant qui s’
Incruste – cette
Phrase – un passage
Qui te plonge dans
Une inquiétude folle –
Ne pas t’assoir parmi
Eux – jamais – plutôt
Crever – plutôt perdre
Jusqu’à sa respiration
Régulière –
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2. |
Comme un Rideau
03:48
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Cette voix se brise
Il lui arrive même
De disparaître
Sans dire un mot
Comme une débâcle
À l’intérieur
Elle naît pourtant
À cette évaporation
Quelque chose de plus
Cet art poétique
Le seul qui sache
Comment mourir
Sans jamais le
Dévoiler vraiment
Comme un rideau
Que l’on tire
Et referme aussitôt
Après avoir vu
Se disséminer
Nos forces
Peu à peu
N’en garder
Cependant
Que l’illusion
Sans faille
Du langage
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3. |
2042
04:19
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Il parle d’obligations métaphores. Je n’y comprends rien. Sauf que c’est un produit de sa
conception. Une chose de « l’ancien monde ». Des phrases passées par toutes ces filières. Par tous
les temps. Et sûrement par toutes les bibliothèques. Il n’en reste rien. Ou si peu. Un art tellement
dévalué et désargenté que ça en est comique. Le moindre chroniqueur débile de la TNT ou même
d’Internet gagne en une prestation plus que ce que touche un de ces rescapés en un an. Voire en une
vie. C’est au-delà du ridicule ou du rire en fait. Ça relève de la psychiatrie. Et lourde qui plus est.
Il plonge son regard dans le mien. Pauvre fou. « A l’aide d’une métaphore, sans abandonner sa
charge ». Il insiste. Je crois qu’il s’achemine vers un vaste territoire peuplé de débiles mentaux.
Il me parle d’un « corps entier dans l’enveloppe de toile ». De « hurlements qui sont pénibles à
supporter ».
Je pourrais rire à gorge déployée. Mais en fait non. Je pourrais en faire un roman. Ça me
stabiliserait. Je pourrais oublier ses remarques. Tous ses mots comme d’amères accusations. Sans
autre ambition que de survivre. Je le vois se débattre, dans ses parois de cristal. Il a la grâce. Mais il
ne se laisse plus atteindre. Il n’est même plus haï. Il indiffère. C’est pire.
Regarde me dit-il, « la circulation se ranime ». Je lui réponds que je la vois aussi. Si cela peut lui
faire plaisir. Aucun nuage ne doit venir abîmer son horizon. Et je n’ai pas le courage de lui dire la
vérité. Sinon je suis certain qu’il s’enfilerait un flacon rempli de poison. Lui, il parlerait « d’essence
de térébenthine.
Que s’est-il passé ? Pour qu’une « pensée rêveuse dans les tourbières de l’assouplissement »
s’évanouisse à ce point ? Et que doit-on en conclure ? Que la technologie nous renvoie à l’âge de
pierre ? Je regarde moi par la fenêtre qui donne sur la cour intérieure. Dans mon dos, Il s’émeut
maintenant de « l’éloignement des combats maritimes ». Ça, pour s’éloigner, il s’éloigne. De sa
conscience sûrement. Tout-à-fait comme sa raison. Si seulement je connaissais le coupable. Le
responsable de son état.
Je le vois comme un contaminé. Un type que la chance a abandonné. Il arpente ses pages écrites
encore à la main – le fou – avec la détermination des condamnés. C’est assez aristocratique au fond.
Plus de ce monde. Il ne fait que le hanter.
Il répand toujours ses accusations. Je ne sais plus pourquoi je le vois toujours, et autant. Par
habitude sans doute. Un truc bien trop ancré. Mais dont j’ai oublié l’objectif. Je le fais c’est tout. Et
je l’écoute me dire « tu es délivré de notre persécution ».
Pas vraiment...Mais ce n’est pas très grave. Il ressemble à une vague promesse. A un vague
souvenir. Mais plus à l’être flamboyant et malsain qu’il fut. Ce n’est pas le temps qui a été plus fort
que lui. C’est plus compliqué. Il aurait pu se maintenir. Ne pas s’effondrer dans cette tristesse
inconsolable. Dans cette chose qui a viré à la folie.
Son nom a même été redoutable. On peut même dire qu’il fut célèbre. Il a tenu le coup longtemps.
Résistant aux « chacals nocturnes », pour reprendre son expression, aux ravages, à la tombée de la
nuit. Dans ses bons moments, comprendre dans ses moments lucides, il m’avoue qu’il est parti bien
« trop loin du rivage pour y revenir. »
Je confirme. En mon for intérieur. Ma visite négative se poursuit. Il perd ses forces à vue d’œil.
Trop loin du rivage pour y revenir. C’est exactement ça. On a pourtant tous continué à faire
semblant. On savait pertinemment que tout ça devenait peu à peu un « sanctuaire du sommeil »...
Voilà que je me mets à faire comme lui. A confondre le texte et la vie. Puis à tous mélanger. Il a
peut-être raison finalement.
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4. |
A L'heure
03:36
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Cette heure constituait une charge effective et tant redoutée. Par conséquent il l’a abrégée. Il est allé
à la recherche, effectivement. De faits indéniables. De la paix intérieure. Parce que l’impossibilité
psychologique c’était son affaire. C’est le hic de sa vie. C’était.
Il est resté derrière la porte. Comme un vestige humain. Ou comme un colis perdu. Le cœur vivant
mais battant à peine la mesure de sa vie. Pur comme un saint ignorant l’âpreté des routes, le
déroulement du réel. Seul Dieu semblait l’environner. Un Dieu de lumière et d’amour. Prostré
devant une autre divinité. Entourée, elle, de ses soldats « du combat pour les cieux ». Figée dans sa
monstrueuse pensée. Face à elle, tel un pur dans cette odieuse obscurité, il s’est éteint. Laissant peu
à peu la folie l’emporter. Et les complaintes devenir des mois, puis de années. La vie lentement
s’empoisonner.
Place aux chairs fouettées. Aux esprits lacérés. Aux ciels toujours nuits.
Sa décision a des lueurs d’étincelles. Il n’en pouvait plus de ces traces de mains sanglantes sur les
vitres. De n’être qu’un veilleur de l ombre. Gardien d’une pensée morte, n’observant plus qu’une
danse macabre. Il a longtemps pleuré. Puis il a arrêté. Il a simplement voulu mourir. Ne captant
plus rien d’autre qu’un écho, de l’autre rive. Comme si la mort lui parlait. Et fouillait dans les
profondeurs de sa mémoire. Elle y trouvait les eaux vives. Puis venaient les ombres. Capables
d’obscurcir ce qu’il restait de lumière. Il s’est installé au milieu d’ombres. Là, il a commencé à
décliner. L’idée d’abandonner sa propre croyance ne l’a pas effleuré. Au contraire, il s’y est agrippé
de toutes ses pauvres forces. En se répondant à lui-même. Comme si la mort était devenue une
compagne. Quelque chose de normal. La solitude dévastée est devenue son quotidien.
Pourtant derrière la porte battait toujours un jour intact.
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Yan Kouton France
Yan Kouton est un auteur de romans, de nouvelles, de poésies, et parolier. Il anime le site de création littéraire "Les
Cosaques des Frontières". Il est également chroniqueur musical.
Olivier Triboulois est un musicien installé près d'Orléans. Chanteur guitariste, clavier du groupe "A l'Abri de la Tempête. Guitariste depuis ses 14 ans, marqué par l'empreinte de Bashung, Dominique A Christophe.
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